Témoignage de Lilie : L'émétophobie

 Je m'appelle Lilie, je suis bipolaire de type 3, émétophobe et agoraphobe.

L'émétophobie est la peur de vomir. J'ai cette peur depuis l'âge de 8 ans, suite à deux gastro-entérites très violentes. Depuis, j'ai peur de vomir constamment, à chaque fois que je mange, qu'il y a une épidémie de gastroentérite. J'ai peur des effets secondaires des médicaments, il m'est impossible d'imaginer que je pourrai me soigner si un jour je dois subir une chimiothérapie, ou encore être enceinte tout simplement. Oui, cette phobie peut changer toute votre vie. L'angoisse et la panique font parti de mon quotidien, je ne bois pas d'alcool par peur que ça me rende malade. J'ai peur aussi que les autres vomissent devant moi ou lorsque ça arrive dans certaines scènes au cinéma ou à la télévision.

Les conséquences peuvent être graves en cas d'émétophobie. Isolement, crises d'angoisses, impossibilité de manger et/ou de boire ce qui peut entraîner d'autres maladies mentales comme l'anorexie. 

Certaines personnes ont aussi peur des vomissements de certains animaux. Beaucoup d'émétophobes sont plus rassurés face à des lapins ou des chevaux, qui eux, ne peuvent jamais vomir, contrairement à un chat ou chien. 

Dans mon cas j'ai aussi peur des nourrissons, des enfants qui sont malades parfois sans prévenir. Je serais incapable de vivre une grossesse à cause des nausées et vomissements éventuels mais aussi d'être face à un enfant malade. 

D'autres situations peuvent être angoissantes, comme les fêtes foraines (notamment les attractions à sensations fortes), manger ailleurs que chez soi, manger des choses préparées par d'autres personnes ou encore prendre le bateau, le train ou l'avion. Cette phobie peut aussi entraîner des phobies scolaires et sociales, des problèmes d'insertions de manière générale.

Il est important, lorsqu'on commence à avoir cette peur, de consulter rapidement un psychologue ou un psychiatre pour en parler, afin que cette phobie ne prennent pas de proportions trop handicapantes. Un traitement peut être mis en place, et une psychothérapie peut énormément aider. Certaines méthodes récentes comme l'Emdr peuvent aussi marcher. Sans oublier la relaxation, l'hypnose, et les thérapies comportementales et cognitives (TCC).

Les TOC (troubles obsessionnels compulsifs) sont également très fréquents lorsqu'on souffre d'émétophobie.

Aujourd'hui j'ai 38 ans, et n'ayant pu consulter un psy qu'à l'âge de 18 ans, l'émétophobie a malheureusement eu le temps de s'installer fortement. Je suis aujourd'hui dans l'incapacité d'avoir une vie « normale » : travailler, manger comme je voudrais, voyager, avoir des enfants etc.

Ne faites pas la même erreur que moi, consultez dès que vous voyez les premiers signes de l'émétophobie, on peut guérir de cette phobie s'il n'est pas trop tard! Sinon, il faut apprendre à vivre avec.